Monstres, sorcières et art !
- Club Radio
- 31 oct. 2020
- 4 min de lecture
Lecteurs lectrices, si vous avez du mal à décorer votre maison pour Halloween, je vous présente un ensemble d’oeuvres, flippantes, gênantes, oppressantes pour faire de votre chez vous la maison des horreurs …
Portrait d’une vieille femme, Quentin Massys, 1525-1530 (120m)
Je vous propose pour commencer, une très étrange vieille dame. Cette femme aux aires de monstre de foire est en réalité une inconnue, certain l’associe à Margarete Mausltasch dit la “bouche-sac” (la prostituée en bavarois). Mais rien n’est sûr puisque que d’autre représentation de madame Mausltasch la représente sous des traits plus gracieux. L’hypothèse la plus probable fait de “l’horrible duchesse” le fruit de l’imagination de Massys inspirée par l’éloge de la folie d’Érasme : “Ces femmes décrépites, ces cadavres ambulants, le cœur plein de désir lubriques, elles ne songent qu’aux moyens d’assouvir la fureur utérine qui les possède encore.”
Avec ce tableau se pose une question : pourquoi représenter la laideur ? En effet ici la laideur laisse place à la beauté qui se manifeste par la grâce du personnage et par la technique remarquable de Massys. De plus la triste de cette femme transparait dans son regard et dans ce bouton de rose qu’elle tient à la main, symbole de désir à jamais inaccessible. Ne pourriez-vous pas lui trouver une place entre la photo de noël dernier et celle de Mamie ?

2. La mort et les masques, James Sidney Ensor, 1897
Cette toile de James Sidney Ensor est une représentation de la mort et de la nature humaine dans sa forme la moins flatteuse. La composition du tableau peut être associée aux vanités de l’école flamande avec ce crâne qui capte toutes les attentions par fureur qu’il dégage et par ce regards à la fois vide et sombre qu’il jette aux sécateurs, presque glaçants. Les masques représentent ici la grotesquerie de l’homme vue par un pessimiste heureux. En effet, Ensor était surnommé le “pessimiste heureux” puisque qu’il représentait le plus souvent la mort avec des traits quasiment enfantins. D'ailleurs l’artiste s’est inspirer des masques que portaient les clients du magasin de souvenir de sa mère durant le carnaval d’Ostende. Et vous comment vous déguisez-vous cette année ?

3. La mort saint innocent, 1520-1530
Halloween ne serait pas Halloween sans ses histoires de squelettes et de cimetières non ? Cette sculpture en albâtre est une allégorie de la mort différente de celles calmes et bienveillantes que nous avons l’habitude de voir puisqu’elle appartient au mouvement de l’art macabre. En effet l’art macabre se caractérise par une atmosphère sombre et lugubre et est directement influencée par le moyen-âge et la peste noire qui sévissait à cette époque. Ce corps décomposé tient son nom du cimetière parisien dans lequel il trônait et ressemble étrangement à la Statut la Liberté non ? Sachez que bien qu’il puisse faire peur au premier coup d’œil, La Mort Saint Innocent était une vraie star puisque le tout Paris se ruait au cimetière pour l’admirer, et si vous l’installiez sur le palier pour faire fuir les visiteurs éventuels ?

4. Femme I, Willem de Kooning, 1950-1952.
Pour les intérieurs plus modernes ou les amateurs de couleurs voici la Femme I. Cette œuvre est une protestation de l’artiste contre les violences faites aux femmes. En effet avec cette allégorie Willem de Kooning s’éloigne volontairement des modèles féminins classiques qui étaient à l’époque des idoles, des Vénus ou des nus. Ici, l’artiste veux représenter une version différente de la réalité, la femme est une “gueule cassée” par un mariage violent. Plus monstre que femme, le sujet et tous son environnement est empreint de violence, que soit par les traits de l’artiste ou par ses coulures, presque des larmes de désespoir. Une idée pour cette dame plus colorée que blanche ?

5. Saturne dévorant l’un de ses enfants, Francisco de Goya, 1821-1823.
Je ne pense pas devoir vous expliquer pourquoi ce Goya a sa place dans ce classement. Ici Saturne, personnage antique, dévore à pleines dents l’un de ses enfants pour ne pas qu’il ne le détrône pas. Drôle de façon d’assurer sa légitimité ? Le fond noir de l’œuvre fait ressortir Saturne et le sang qui découle du corps en lambeaux qu’il tient entre les mains. De plus avez-vous remarqué comment Goya donne habillement du mouvement au dieu ? Sa posture, a demi plier, et ses cheveux donnent la sensation que l’artiste a capturé un instant, comme entre deux pas. Une sensation renforcer par l’expression de Saturne, sa bouche et ses yeux exorbitants qui font de lui un personnage tout droit sorti d’un cauchemar. Et vous imitiez Goya en exposant cette œuvre sur le mur de votre salle à manger tel une plaisanterie Macabre ?

6. Saint François debout, Francisco de Zurbarán, 1650-1660.
Le Saint François debout de Zurbarán n’est pas une œuvre qui vise à terrifier, mais j’ai décidé de l’intégrer à ce classement car elle m’a toujours fait froid dans le dos. Cette œuvre gigantesque (209 cm sur 110 cm) est organisée assez simplement puisque le personnage est forme un triangle avec ses coudes et sa tête ce qui permet de mettre le sujet en valeurs. Remarquez également ce jeu de lumière qui donne au tableau une réelle profondeur et qui nous donne l’impression que le moine est en trans, comme posséder par sa prière. Ne me dite pas que son expression terrifiante ne serait pas parfaite dans un petit coin sombre !

7. L’été, l’automne, l’hiver et le printemps, Giuseppe Arcimboldo, 1563-1573 (76o)
Et pour la cuisine rien de mieux que les quatre saisons d’Arcimboldo ! Ces quatre huiles sur chêne composés de fruits, de légumes, et de fleurs, font, depuis le XVIe, rire les petits et les grands. Dans les saisons on peut constater une forte influence des caricatures italienne, comme celles de De Vinci, par des trais lourds et des protubérances. Arcimboldo est un peintre milanais qui fût engager par la famille Habsbourg pour glorifier, non sans ironie, leur famille. Cet ensemble de quatre toiles fût d’ailleurs commandé par Maximilien de Habsbourg dans le but d’en faire cadeau au prince de Saxe. Si ce cadeau pouvait paraitre étrange il était un moyen de faire comprendre au prince, avec une certaine touche d’humour, que l’empereur régnait aussi bien sur les hommes que sur la Nature et les saisons. Alors ne seraient-ils pas parfaits au-dessus du réfrigérateur ?

Et si pour Halloween vous alliez faire un tour au musée plutôt que dans des maisons hantées ?
Stay safe and take care, Chloé
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